Semaine 28, Whitman and the Civil War

« Quand la dernière fois les lilas fleurirent dans le jardin » ; Collection de Charles E. Feinberg des Papiers de Walt Whitman, Archive de Walt Whitman et Library of Congress.
« Quand la dernière fois les lilas fleurirent dans le jardin » ; Collection de Charles E. Feinberg des Papiers de Walt Whitman, Archive de Walt Whitman et Library of Congress.
Foreword: 

La majeure partie de « Quand la dernière fois les lilas fleurirent dans le jardin » est consacrée par le poète au soin de trouver la manière idéale de chanter la mort du président et la mort en masse due à la guerre. Il écoute un oiseau invisible et solitaire — une grive ermite — qui chante haut et fort ce que le poète entend par « Un hymne à la vie qui délivre de la mort ». Il est désespéré de devoir traduire le roucoulement, la romance de cet oiseau en un « chant humain » et de lui même en avoir besoin, recherchant, lui aussi, un « échappatoire» au carnage de la guerre qui paraît le hanter. C’est ainsi qu’il va suivre l’appel de cet oiseau posté dans « le marais, dans un recoin, à l’écart », où il marche, accompagné de chaque côté par deux compagnons fantômes, spectraux — « la connaissance de la mort» et « la pensée de la mort ». Le marais est le tout dernier endroit pour le composte — le lieu où liquide et solide fusionnent pour se fondre, où la désintégration de la mort est la plus fertile, produisant sans relâche le renouvellement de la vie à partir de la boue, un paysage qui incarne « Un hymne à la vie qui délivre de la mort ». Tous, nous ne pouvons vivre sans cette « pensée de la mort » — cette pensée est présente à nos côtés, à chaque instant de notre vie — mais aucun de nous ne détient le « secret de la mort ». S’il y a « connaissance » à posséder, elle ne peut être donnée, délivrée qu’après la mort elle-même. Ainsi donc, tous, nous marchons en pensant à la mort sans en connaître son secret. Dans le marais, cependant, le poète commence à traduire le chant du chanteur solitaire, la chanson de la grive qui a le talent d’être rassurante et troublante, à la fois : la mort se rapprochera « tôt ou tard » « de tous, de chacun de nous, » mais ses bras sont « forts et enveloppants » et «tendrement étreignent ». La chanson de la mort est finalement un « chant » interprété « avec joie ».

Donc, enveloppé par le « parfum des marais » et tenaillé par la pensée et la connaissance de la mort, le poète s’autorise, pour la première fois, à regarder en face l’horreur de la guerre de Sécession, horreur qu’il côtoya durant les deux dernières années. Usant de cette façon de voir remarquablement détachée, il se permet d’extraire toute son expérience des soins de centaines, de milliers de jeunes soldats malades, blessés, expérience tapie dans le fond de ses yeux et jusqu’à son cerveau, son imagination, sa perception. Jusque maintenant, il a gardé « l’image. . . enfouie au fond de son regard », mais à présent, le carnage se manifeste dans son esprit émancipé, laissant son monde en mille morceaux — nous voyons « les bâtons brisés et fragmentés », comme les bâtons brisés qui composent la page de titre de sa suite à Roulements de tambours. Et, comme son image démarre par « la bataille des cadavres, par myriades / Et les squelettes blancs des jeunes hommes », il absorbe « les débris et les débris de tous les soldats tués de la guerre ». Ce sont, comme nous avons vu plus haut, des « millions de morts » qu’il peut « collecter » mais pas « rassembler » : ils sont déjà « débris », et font partie du même paysage que le train de la mort de Lincoln traverse au cours de son voyage pour rejoindre Springfield dans l’Illinois, et que Whitman décrit dans la section 5 du poème : « Les sentiers, qui traversent les bois anciens, où, il y a peu, les violettes pointent le ciel, chaperonnent les débris gris de la terre... » Les terres de l’Amérique sont mêlées maintenant aux « débris et débris » (même la répétition du mot par Whitman met l’accent sur le sens de la racine du mot « briser », comme si le simple fait de dire le mot ajoutait à une cassure supplémentaire de débris).

Le confort intérieur de Whitman réside dans le fait que maintenant, il a accédé à la connaissance contenue dans le chant solitaire de la grive qui sait bien que la mort n’est pas souffrance : il sait que les morts sont « parfaitement reposés », qu’ « ils ne souffrent pas ». Ce sont « les vivants », ceux qui restent qui souffrent. Les morts sont bien au-delà de cette préoccupation — ils connaissent, ont rencontré la paix « qui réconforte » de la mort : nous, les vivants, sommes ceux qui portons le fardeau, le poids de la souffrance.

Ainsi, le poème se termine par le retour des participes (ces formes du verbe qui portent l’action en devenir) en un long principe de répétitions du mot « passing » (avec inclus en lui « sing ») alors que le poète lui-même réussit à faire les premiers pas afin de laisser derrière lui toutes les choses qui l’ont préoccupé dans le poème — il délaisse la vision de la mort, de la nuit ; il délaisse le chant de la grive solitaire, les lilas eux-mêmes. Même si d’autres participes contiennent l’idée du deuil qui dure (falling, flooding, sinking, fainting, warning, bursting) ( la chute, l’inondation, le naufrage, l’évanouissement, l’avertissement, l’éclatement), il peut, malgré tout, commencer à ressentir « la floraison, le retour du printemps », le printemps, signe d’espoir aussi discret soit-il, au lieu d’avoir présent à l’esprit les immenses pertes.

Mais le poème ne se termine pas là. Comme T. S. Eliot, soixante ans plus tard, dans La Terre vaine (The Waste Land), Whitman nous laisse avec ces fragments qui, il l’espère, pourront étayer ses ruines. Pour Whitman, ces fragments sont ce qu’il appelle des « repossessions, hors de la nuit », les bouts, les morceaux de débris dont il peut se saisir pour s’en servir de guide, et l’aider à structurer son poème — l’étoile du soir (Vénus) qui semblait si brillante et si proche durant ces nuits précédant l’assassinat de Lincoln, l’oiseau qui chantait la chanson qui délivre de la mort, le lilas parfumé, odorant, les « camarades » qui l’accompagnaient dans le marais, la masse des « morts que j’ai tant aimés », et Lincoln lui-même, sans le nommer (« la plus douce des âmes, la plus sage qui peupla mes jours et toutes mes terres »).

En 1865, la dernière strophe du poème commençait par « Yet each I keep, and all ». « Cependant, chaque chant je le garde, et tous ». Whitman révisera plus tard ce vers ainsi « Yet each to keep, and all » « Cependant, garder chaque chant, et tous ». C’est un petit changement — de « I - Je » en « to » — mais ça change tout. Comme il imagine être soutenu par ces précieuses « repossessions, de la nuit », rassemblant les fragments pour se mettre à créer le futur, à bâtir l’avenir à partir des débris, nous nous rendons compte, non sans surprise, que le délicat retravail de Whitman consiste à transformer la dernière strophe de neuf vers en une phrase fragment. Il a supprimé le sujet / l’acteur (le « Je ») et a conservé l’action de repossession grâce à un verbe à l’infinitif ( « garder »), à jamais suspendu, non activé, une chose qu’on espère sans jamais l’atteindre, qui ne trouvera jamais sa place même avec le temps. Un fragment.

—EF

« Quand la dernière fois les lilas fleurirent dans le jardin »

14

Alors que je me tenais assis, dans la journée, je songeais au passé,
En cette fin du jour et sa lumière, et les champs printaniers, et le paysan qui prépare la moisson,
Dans le vaste paysage encore endormi du pays, et ses lacs et ses forêts,
Dans la beauté céleste et aérienne, (après les vents impétueux et les tempêtes ;)
Sous la courbe des cieux, dans l’après-midi qui file,
et les voix des enfants et des femmes,
La valse ininterrompue des marées, — et je pouvais voir les bateaux voguer,
Et l’arrivée de l’été fertile et prometteur, et les champs occupés par le labeur,
Et, à perte de vue, les maisons individuelles, qui s’affairent toutes, pour les repas, et toutes sortes de tâches journalières ;
Et les rues, comme elles sont vibrantes et trépidantes, et les villes
bondées, —regarde ! Ici et là,
Tombant au milieu de tous, et sur eux tous, m’enveloppant avec eux,
Surgit le nuage, apparut le chemin long et noir;
Et je rencontrai la Mort, j’entendis sa pensée, et je connus le savoir sacré de la mort.

15

Puis, conscient que la mort marchait à mon côté,
Et que sa pensée marchait de l’autre côté,
Et moi, au milieu, comme en compagnie d’amis, et comme si je leur tenais la main,
Je m’échappe et me réfugie dans la nuit qui m’accueille, sans mot dire,
En bas jusqu’aux abords de l’eau, un chemin à travers le marais dans le noir,
Vers les cèdres sombres et solennels, et les pins fantomatiques immuables.

Et le chanteur si sauvage pour l’inconnu m'accueillit ;
L’oiseau gris-brun, familier, nous reçut, nous les trois camarades ;
Et se mit à chanter ce qui ressemblait au chant de la mort, et un couplet aussi
pour celui que j’aime.

Du tréfonds d’un recoin, isolé,
Des cèdres parfumés, et des pins fantomatiques immuables,
S’envole le chant de l’oiseau.

Et le charme du chant m’enivre,
Alors que, dans la nuit, je tenais, pour ainsi dire, mes camarades par la main ;
Et la voix de mon esprit rencontra le chant de l’oiseau.

16

Arrive, belle et reposante Mort,
Ondule autour du monde, te rapprochant en toute quiétude, te rapprochant,
De jour, comme de nuit, de tous, de chacun de nous,
Tôt ou tard, délicate Mort.

Loué soit l’univers insondable,
Pour la vie et la joie, et pour l’objet et le savoir toujours étonnants,
Et pour l’amour, le doux amour — Et la louange ! Ô la louange, oui la louange,
Pour les bras forts et enveloppants de la Mort qui tendrement étreignent.

Triste Mère, toujours glissant alentour, au pied léger,
N’y a-t-il jamais eu personne pour te chanter un chant de franche bienvenue ?

Alors je chante pour toi — par-dessus tout, je te glorifie ;
Je t’offre un chant qui, lorsqu’il te faudra venir, te fera arriver sans défaillir.

Approche, Mort omniprésente — Rédemptrice suprême !
Quand il en est ainsi — quand tu les emportes, je chante joyeusement pour les morts,
Engloutis dans ton océan d’amour qui les berce,
Ta félicité les baignant à doux flots, Ô Mort.

De ma part et pour toi les joyeuses sérénades,
Des danses qu'en ton honneur, je propose, pour toi — les ors et les festivités pour toi ;
Et le spectacle des paysages à l’infini, et le ciel qui s’étire au lointain, tu les mérites,
Et la vie et les champs, et l’immensité de la nuit qui médite.

La nuit, en silence, sous maintes étoiles ;
L’océan et son rivage, dont l’onde rauque chuchote, et dont je reconnais la voix ;
Et l’âme qui te sourit, Ô impérieuse Mort savamment voilée,
Et le corps, blotti avec gratitude, tout contre toi.

Par-dessus la cime des arbres, je fredonne une chanson pour toi !
Par-dessus la vague et ses marées— par-dessus les champs par milliers,
et les vastes prairies ;
Par-dessus toutes les villes bondées, et les quais et les allées fourmillants de monde,
Je fais s’envoler ce chant de joie, ce chant de joie pour toi, Ô Mort!

17

Pour le salut de mon âme,
L’oiseau à l'habit gris-brun poursuivit son chant haut et fort,
Usant des notes pures, uniques, qui s’imposent et habitent la nuit.

Chant puissant, parmi les pins et dans l’obscurité des cèdres,
Clair, dans la fraîcheur humide, et le parfum des marais ;
Et moi avec mes camarades là-bas dans la nuit.

Alors que ma vue, tributaire de mes yeux, soudain s’ouvrit,
À de longs panoramas truffés de visions.

18

M’apparut la vision d’armées ;
Et je vis, comme dans les rêves silencieux, des centaines de drapeaux de bataille ;
Fendant la fumée des batailles, et troués par les balles, je les vis,
Et brandis çà et là à travers la fumée, déchirés aussi et tâchés de sang ;
Et enfin, seuls quelques lambeaux de drapeaux encore accrochés aux bâtons,
(Et tout en silence,)
Et les bâtons tout en morceaux, cassés.

Je vis les cadavres des batailles, par myriades,
Et les squelettes blancs de jeunes hommes — je les vis ;
Je vis les débris et les débris de tous les soldats morts ;
Mais je vis qu’ils n’étaient pas comme on peut les imaginer ;
Ils paraissaient parfaitement reposés — ils ne souffraient pas ;
Les vivants qui restaient, souffraient — la mère souffrait,
Et la femme et l’enfant et le camarade, le doux rêveur, souffraient,
Et les armées qui restaient souffraient.

19

Les visions défilaient, la nuit défilait ;
Elles défilaient, dénouant les main-dans-la-main de mes camarades ;
Le chant de l’oiseau solitaire défila, et le chant pour le salut de mon âme,
Le chant victorieux, le chant funéraire, (aux airs variés, sans cesse renouvelés,
Une douce complainte, aux notes pourtant claires, qui montent et qui descendent, qui inondent la nuit,
Qui sombre et s’évanouit avec tristesse, telle une mise en garde, encore et encore, et soudain débordant de joie à nouveau,)
Couvrant la terre, et remplissant l’étendue du ciel,
Tel ce psaume puissant dans la nuit que j’entendis d’un lointain reclus.

20

Faut-il que je te quitte, lilas aux feuilles en forme de cœur ?
Faut-il que je te quitte, là, dans le jardin, en fleurs, fidèle à chaque printemps ?

Faut-il que j’abandonne ma chanson pour toi ;
Et mon regard rivé sur toi, dans l’ouest, affrontant l’ouest, en communion avec toi,
Ô camarade chamarré, au visage d'argent dans la nuit ?

21

Cependant, chaque chant je le garde, et tous ;
Le chant, le chant merveilleux de l’oiseau à l’habit gris-brun, je le garde,
Et le chant salutaire à mon âme, l’écho germé en mon âme, je le garde,
Avec l’étoile chatoyante qui vacille, le visage pétri de douleur ;
Avec le lilas, haut en taille, et ses fleurs au parfum enivrant ;
Chers camarades, et moi au milieu d’eux, et leur souvenir pour toujours
oui, je le garde — au nom des morts que j’ai tant aimés ;
Pour la plus douce des âmes, la plus sage qui peupla mes jours et toutes mes terres...
et ceci pour son bien, si précieux ;
Le lilas, l’étoile et l’oiseau, épousés par le chant de mon âme,
Avec ceux qui savent me tenir la main, comme en réponse à l’oiseau,
Là, parmi les pins odorants, et dans l’obscurité des cèdres.

Afterword: 

Pour la « trinité à chaque fois », dans la première strophe de « Quand la dernière fois les lilas fleurirent dans le jardin », où se retrouvent le lilas, l’étoile, et le « printemps et ton éternel retour » (qui sera ensuite remplacé par le chant de la grive), Whitman ajoute une troisième triade : le narrateur qui marche dans le marais avec ses deux inséparables compagnons, la pensée de la mort et la connaissance de la mort, le premier qu’il connaît bien et l’autre qu’il ne peut connaître avant sa mort. Nous apprenons au début du dernier tiers du poème que l’autel de sa religion de vie s’est dressé dans « la nuit qui m’accueille, sans mot dire », où la grive « nous reçut, nous les trois camarades ; / Et se mit à chanter ce qui ressemblait au chant de la mort, et un couplet aussi pour celui que j’aime ». La mort fut la clé de la poétique de Whitman depuis la première version du « Chant de Moi-même » jusqu’à l’édition finale de sa toute fin de vie des Feuilles d’herbe, et cela n’est nulle part aussi évident que dans son élégie de Lincoln, quand « la voix de mon esprit rencontra le chant de l’oiseau »; tally dans ce cas signifie à la fois correspondre et compter. Les pertes qu’il rencontra parmi les « pins fantomatiques », et personnelles et politiques, furent énormes.

Cette chanson, qui, dans l’imaginaire du poète, traversa le pays à l’occasion du cortège funéraire du président, lui délivre dorénavant des images de guerre — des armées, des drapeaux en lambeaux, des bâtons brisés. Et plus encore : « Je vis les cadavres des batailles, par myriades, Et les squelettes blancs de jeunes hommes — je les vis ; Je vis les débris et les débris de tous les soldats morts ». Leur souffrance est passée, leur connaissance de la mort totale, et ainsi donc, il incombe aux vivants — aux mères, aux épouses et aux enfants, au « camarade doux-rêveur» (le poète, qu’il est) — d’en finir avec leurs pertes. Impossible, bien sûr. C'est pourquoi il est hanté par les « airs sans cesse renouvelés » de la grive, un psaume émergeant du marais pour inonder la nuit, et recouvrir la terre, et remplir les cieux : « le chant funéraire ». Il change de tonalité pour chacun et pour chaque mort.

Parmi les usages du mot keep, cités dans les définitions de Merriam-Webster, qui apparaît à quatre reprises dans la dernière strophe de dix vers du poème, il y a : tenir une promesse, observer le sabbat, maintenir le rythme, nous protéger du mal, entretenir un jardin, surveiller, et tenir un journal, qui tous doivent faire partie de la pensée de Whitman. (Voir sa liste de mots se rapportant à la grive.) Avoir, persévérer, protéger, pourvoir, honorer ou accomplir — ces significations, sans nul doute, font écho en lui au souvenir qu’il a de ses camarades tombés au combat et de Lincoln, « la plus douce des âmes, la plus sage qui peupla mes jours et toutes mes terres ... » Le dernier mot est une surprise (nous nous attendons à entendre les nuits), ainsi que la mort l’est si souvent, à sa façon. Cette mort, en particulier allait façonner, à nouveau, les terres, ainsi que la guerre elle-même l’avait déjà fait. Dans le dictionnaire, nous apprenons que le donjon (keep) était la partie la plus forte d'un château médiéval. La même chose vaut pour le poème de Whitman.

—CM

Question: 

Le style est incontournable. Lorsqu’au sein de notre écriture nous avons le désir de mettre en avant le sentiment de fragmentation et de perte, la syntaxe et le choix des mots eux-mêmes peuvent être les outils idéaux pour transmettre la sensation de cassure, comme Whitman en use vers la fin de ses corrections de « Quand la dernière fois les lilas fleurirent ». A votre tour, rédigez un court paragraphe qui évoque un moment où vous vous êtes senti brisé et perdu, et utilisez la syntaxe et la résonance des mots pour capturer ce sentiment.

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